Je vous invite à découvrir une sélection de photos, de manière à vous partager certaines de mes plus belles découvertes des six derniers mois au Guatemala. À la demande générale, j'en profiterai aussi pour vous emmener au Rwanda, pour une incursion plus intime et familiale, où vous découvrirez certaines des plus pures traditions en matière de mariage. Buen Viaje !

samedi 23 avril 2011

Vis ma vie de volontaire chez Ak'tenamit

Début février, je profite d'un voyage de travail d'Arnaud pour découvrir avec lui la région d'Izabal, en particulier la petite ville de Livingston et ses environs. Cette région est unique à bien des égards. Majoritairement peuplée de Garifinas, un groupe formé de descendants d'Africains et de Caribes, peuple autochtone décimé des îles des Caraïbes, cette petite ville côtière située à l'embouchure du Rio Dulce et de la mer des Caraïbes n'est accessible qu'en lancha (barque à moteur). De là, un autre voyage en lancha nous amène à la base d'Ak'tenamit, une des associations ayant démandé les services d'Arnaud, en tant que consultant en promotion et en communication. Cette asso, en plus de détenir une clinique, des projets d'écotourisme, ses propres écoles et projets d'éducation pour les jeunes de la région en manque de ressources, appuie des artisans en leur achetant leurs produits et en les vendant à prix équitable. Arnaud sera chargé de développer une stratégie pour assurer une meilleure visibilité de la boutique et augmenter ses ventes. Nous séjournons sur la base (aux abords du Rio Tatin, un affluent du fleuve Rio Dulce) quelques jours et, guidée par Catalina, la responsable de la boutique, allons à la rencontre de deux communautés d'artisans des environs.





  
Arrivée sur l'une des bases de l'asso où se trouve une petite boutique d'artisanat. Les artisans mayas proviennent de la grande famille Q'eqchi'.



La boutique d'artisanat



La végétation y est extraordinaire
 
Les écoliers arrivant pour le début des classes



Arnaud se reposant après une bonne journée de travail

Coucher de soleil sur le Rio Tatin, un des affluents du Rio Dulce

Catalina, nous guidant à travers la jungle vers une première communauté

À quoi pensais-tu, Catalina ? 
Scène pittoresque dans la communauté Plan Grande Tatin




Artisan sculptant une petite tortue à partir du fruit d'un palmier. Les artisans des communautés récupèrent la majorité de leurs matériaux dans la nature.



Artisane de la communauté Plan Grande Quehueche. Elle fait cuire la matière fibreuse d'un bananier et s'en servira pour faire un papier épais, et différents produits décoratifs (cartes, toiles, bols).



Eveline, quel amour d'enfant ! Suivra-t-elle les traces de sa mère comme artisane ?

Après quelques jours sur la base d'Ak'tenamit, nous nous installons à Livingston où Arnaud terminera de rédiger sa stratégie et moi, une autre partie de ma thèse. C'est donc l'occasion de faire plus ample connaissance avec les Garifunas. Leur communauté compte environ 16000 âmes au Guatemala, lesquelles sont pratiquement toutes installées dans cette ville. Se promener dans Livingston donne parfois l'impression d'être à Haïti ou en Nouvelle-Orléans. Son port est magnifique et coloré et recèle d'innombrables espèces d'oiseaux aquatiques. L'on raconte que les Garifunas descenderaient en fait des rescapés d'un naufrage d'un négrier. Échappant à l'esclavage, ces Africains auraient dérivé jusqu'à l'île Saint-Vincent, un territoire alors habité par les Caribes. Ces autochtones des Caraïbes les auraient bien accueillis, et un certain métissage aurait eu lieu, mais avec les années, les Garifunas auraient tenté d'obtenir le pouvoir, entraînant des tensions ainsi que la division du territoire. 

L'île est longtemps épargnée par la colonisation, mais vers 1760, celle-ci est léguée aux Britanniques, lesquels ne supporteront pas bien longtemps de vivre aux côtés d'hommes noirs libres. Ils régleront le problème en amorçant une solution finale: ils brûleront leur maison et récoltes, dans le but de les affamer et déporteront les survivants vers l'île de Roatan au Honduras.

Roatan, qui héberge encore une bonne concentration de Garifunas au jour d'aujourd'hui, est rapidement trop petite pour sa population. Au bout de 10 ans, les Garifunas auront colonisé le Guatemala et fondé Livingston, et quelques autres communautés au Nicaragua et au Bélize.


Port de Livingston



Spectacle de danse et musique garifuna s'adressant aux touristes... De nos jours, la musique dominante est surtout celle de Bob Marley, laquelle résonne dans tous les cafés, bars, discothèques de la ville. À la fin, on n'était plus capable ! La punta, une musique et une danse hyper sexualisée, est aussi assez populaire. dans les boîtes.


Petite partie de foot



Manque d'écoles, manque d'établissements de santé,  peu d'opportunités d'emploi, ce village coupé (oublié) du monde est toujours très pauvre. Les mayas ayant migré vers cette région lors du conflit armé en début 80, sont de leur côté, plus organisés autour de projets de développement et reçoivent également davantage d'appui international.

 






Juan Carlos, musicien et employé d'Ak'tenamit. Il ne demande pas mieux que la rencontre des cultures. Les Garifunas et les mayas ou ladinos (descendants d'Espagnols ou métis) vivent encore malheureusement chacun de leur côté. Les Garifunas préfèrent d'ailleurs parler en garifuna ou en anglais.


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