Revenons maintenant en mi février. Profitant d'être à Livingston et donc, déjà un peu plus au nord, nous avions prévu d'enchaîner avec la visite des ruines de Tikal. Tikal, c'est la première attraction touristique du Guatemala, avec raison. Nos voisins italiens de San Felipe de Jesus, nommément Andrea et ses deux parents, ayant le même projet, nous avions planifié de les retrouver sur la route et de partir ensemble en voiture. Nous allions apprendre à nos dépends, qu’il ne faut jamais, au grand jamais, voyager en voiture avec quelqu’un qu’on ne connaît pas très bien.
Selon les travaux d’une ex-collègue du labo, Andrea est ce qu’on appelle, un conducteur téméraire, agressif, contrevenant et aux traits narcissiques. Il a une conduite très dangereuse. Nous avons pensé mourir plusieurs fois et eu très peur pour les Guatémaltèques qui étaient sur notre route. Comme le voyage allait être long, très très long (c'est fou comment la peur déforme la perception du temps), nous avions prévu d’arrêter une nuit sur la propriété d’un des plus grands bouchers d’Antigua. Heureusement, Andrea se rachetait avec ses talents culinaires, et la tranquilité des lieux nous a permis de nous remettre de nos émotions.
Dire qu'on a mangé des pâtes italiennes... sans viande ! |
N'aies crainte, jeune étalon, on ne va pas te manger |
Du pâturage, en veux-tu, en v'là ! Si ça fait pas de la viande tendre, je sais pas ce que ça prend ! |
Le lendemain matin, on se lève tôt évidemment et on repart sur les routes. Andrea roule toujours à toute allure. Nous, derrière, on essaie de lui dire avec diplomatie qu’on n’aime pas sa manière de conduire et qu’il est dangereux. Il ne voit pas un premier dos d’âne (tumulo en espagnol, j’aurai au moins appris un nouveau mot) et bang ! Le 4X4 atterrit comme un éléphant catapulté. Puis un 2e, puis un 3e…. mais celui-là ne nous prendra pas en pitié. Dire que nous n’étions plus qu’à une dizaine de km de Tikal, mais une odeur de brulé venant de la voiture nous obligeait d’arrêter. Les policiers avec leur arme longue d’un mètre se sont heureusement arrêtés et ils ont conclu qu’un détour au garage était nécessaire. C’est là que nous avons compris que la police au Guatemala pouvait aussi secourir les bonnes gens. Ils sont sérieusement doués dans l'accompagnement psychologique des conducteurs de bords de chemin ! Ça nous a rassurés. C’est toujours ça de bon. Une remorque est venue et on a fait demi-tour en direction d’un garage.
Attente au garage, qu'est-ce qu'on fait pour passer le temps ? On prend des photos ! |
Ce qui est bien dans tout ça, c'est que ça nous a donné l’occasion de visiter Flores, une jolie petite ville couleur pastel, bâtie sur une île. Notre visite à Tikal était reportée au lendemain.
On a même fait un petit tour de barque sur le lac Petenitza |

Le lendemain c'était reparti pour une petite heure de route. Après avoir crié maintes fois à l'unission :
TUMULOS !!!! (vous aussi vous savez ce que ça veut dire maintenant),
nous arrivons enfin à Tikal ! Enfin !
Sous la pluie, mais bon, nous étions toujours en vie, c’était toujours ça de bon !
Tikal, ça ressemblait à ça à l'origine ! Ensevelies durant des centaines d'années, seules 20% des pyramides ont été découvertes et sont maintenant visibles.
Tikal, ce n’était pas de la petite bière. Elle a atteint son apogée dans les années 200 à 900 de notre ère. À cette époque, la ville dominait politiquement, économiquement et militairement, une grande partie de la région Maya. Elle a été édifiée en plein cœur de la forêt, les chamans et prêtres de l’époque pouvant y récolter facilement leurs plantes médicinales et psychotropes. Notre guide Domingo avaient plein de belles anecdotes à nous raconter. Ils nous a montré des plantes qui soignent la malaria (c'est vrai, l'écorce avait le goût des pilules), d'autres qui se fument. Entre autres, il nous a raconté que les prêtres qui s’apprêtaient à escalader les dizaines de marches menant au sommet des temples avaient l’habitude d’absorber des drogues hallucinogènes pour agrémenter leur ascension (les mettaient même en suppositoire pour que l’effet soit rapide). On espère qu’il n’y pas eu trop de chutes !
On raconte que les membres de la famille royale, pour conserver le sang royal dans leurs rangs, se mariaient entre eux. Résultats : co-sanguinité, appauvrissement génétique et enfants difformes. Beaucoup de rois avaient apparemment le pied bot ! Quelle grâce ! Par-dessus le marché, on façonnait le physique des enfants de descendance royale selon les canons de beauté de l’époque, inspirés de la nature. Rien à voir avec aujourd’hui. On les entichait d’une perle au-dessus du nez pour que peu à peu, ils développent un strabisme. Il paraît que c'était le nec plus ultra, ça et pis les dents qui étaient avancées mécaniquement par je ne sais plus quel procédé, afin de les faire ressortir par-dessus la lèvre inférieur. Ça leur donnait un air de ressemblance avec le jaguar. Ensuite, on déformait leur tête 3 jours après leur naissance afin de leur donner une forme allongée (style conehead) rappelant la forme du maïs (plutôt cornhead !). Le maïs était et est encore d’une grande importance au Guatemala. Il est le premier produit de subsistance. Le maïs est surtout moulu et utilisé en farine pour toute sorte de plat: la tortilla évidemment, les tamales, les suchiles... À l’époque de Tikal, on implorait le dieu Maïs pour de bonnes récoltes et on lui offrait des sacrifices humains. Encore aujourd'hui, les mayas qui perpétuent la tradition des rituels, sacrifient des animaux, une poule généralement.
Parlant de sacrifices, certains d’entre vous ont peut-être l’idée à tort que les mayas sacrifiaient leur gens du haut des pyramides et jetaient ensuite leur tête qui dégringolait jusqu’en bas (c’est imagé !). Et bien Domingo, il nous a dit que ça, ça se passait chez les Aztèques, et que les Mayas, eux, préféraient faire ça sur des espèces de stèles sur le plancher des vaches.
On voit ici une pyramide qui est en partie ensevelie |
On voit les stèles dédiées aux sacrifices humains |
Pour s’amuser, les mayas de la cité organisaient de grands jeux, le jeu de la pelote étant leur préféré. Un genre de soccer, mais dans lequel la pelote ne pouvait qu’être touchée et déplacée à l’aide du torse. La pelote apparemment très lourde, devait être projetée dans un genre de cerceau situé en hauteur. Le gagnant était quasi sanctifié et sacrifié en héros. Il allait directement au « paradis ». Le perdant était linché et remis aux enfers. On dit que ce jeu aidait à réguler les tensions en période de paix.
Voici nos 4 explorateurs ! |
Enfin, vers l'an 900, Tikal finit par sombrer du fait de l'appauvrissement de ses sols et de la pression démographique qu'elle subissait alors. Ses habitants durent quitter la région et se réfugièrent au Mexique au Yucatan (Chechenitza).
Bientôt, encore d'autres belles aventures...
Notamment, vous découvrirez une autre cité maya, cette fois-ci au Honduras, qui au contraire de Tikal, possède des sculpures impressionnantes.
Merci de lire mon blog !
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